« Voleurs d’enfants »! « Bulldog au chignon et aux ongles écarlates »! » Toujours enchaînés derrière le bureau »! Quoiqu’il en soit, ces différents stéréotypes entourent la profession d’assistant de service social. Ces idées reçues ont conduit à une méconnaissance de ce métier envers le public et certains travailleurs sociaux. Bien-sûr, les centres de formation durant les journées portes ouvertes, exposent les rôles et les missions de l’assistant de service social. Mais, leur présentation semblerait séduire peu de personne et ne résoudrait pas la baisse d’attractivité que connait la profession.
En effet, les dernières recherches démontrent une diminution des inscriptions en formation d’assistant de service social de 47 %, entre 2006 et 2016 . Cela représenterait 8700 étudiants assistant de service social en 2016 ( contre 16500 en 2006). Pour quelle(s) raison(s) la profession suscite t-elle moins d’intérêt ? Bien que les stigmatisations soient les facteurs principaux , d’autres éléments ont été soulignés.
Le premier point concernerait l’intensité de la formation. Plusieurs étudiants expriment l’énorme charge de travail qu’implique le cursus, à travers les cours, les recherches de stage et les épreuves de certification. Les centres de formations et l’Association Nationale des Assistants Sociaux (ANAS) s’accorderaient à le dire ; la formation demande de l’investissement aux étudiants. Cet investissement paraîtrait problématique pour certain d’entre eux, ayant une situation professionnelle » fragiles ». Un choix semblerait donc s’imposer : trouver un emploi à temps partiel ou pallier sa situation financière par une demande de bourse. Quelques soit la décision prise, les conséquences mettront à mal les étudiants. D’une part, les montants des bourses ne permettraient pas aux étudiants de subvenir à leur besoins, qui vivrait dans la précarité. L’exercice d’un emploi, d’autre part, impliquerait à ces derniers de trouver un équilibre, entre leur vie d’étudiant et leur vie professionnelle. Il apparaît, par conséquent que cette situation peut être un facteur de fatigue et d’anxiété.
Le second et dernier point serait lié à l’utilité mise en avant de l’assistant de service social. La profession nécessite d’user des dispositifs légaux, pour aider les personnes en difficultés. Ces dispositifs débouchent à des ouvertures de droit et des aides financières. Mais ces dispositifs ne sont pas des finalités en soi! Aussi, ils sont instruits par les travailleurs sociaux, le plus souvent les assistants de service sociaux, telles que les fonds de solidarité logement (FSL), les demandes d’Aide Médicale Etat (AME), les dossiers de reconnaissance de situation de handicap à la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH)… L’usage quotidien de ces dispositifs fausseraient davantage la vision du métier, qui est désormais perçu comme étant une profession administrative.
Après tout ces constats, il paraît évident que l’image et l’utilité de la profession d’assistant de service social ait été ébranlé. Et pourtant, la déontologie et l’étique du métier rappellent le savoir-être et le savoir-faire requis. C’est pourquoi, cet article vise à apporter un éclairage en deux points, pour une meilleure compréhension de la profession.
I.L’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL: UNE PROFESSION HUMAINE AVANT TOUT!
Oui! Il convient de rappeler que l’assistant de service social est un travail basé sur les relations humaines. C’est la raison pour laquelle la profession a émergée à travers plusieurs branches de sciences humaines, telles que la psychologie, la sociologie, la philosophie ou encore l’histoire. L’étude de ces disciplines permettent de comprendre plusieurs phénomènes sociaux, des faits sociétaux, le comportement des individus. Cela permet à l’assistant de service social s’interroger sur la société, de saisir les situations les situations complexes pour ainsi aider les personnes en difficulté.
Comment l’assistant de service social peut aider les personnes en difficulté ?
Comme indiqué précédemment, l’utilisation des dispositifs n’est pas une finalité. Au cours de la formation d’assistant de service social, les étudiants acquièrent un savoir-être et un savoir-faire. Ce seront ces aptitudes qui permettront de soutenir les personnes en situation difficile. Ils se traduisent par le développement de l’écoute, de l’empathie, de l’analyse des situations, la conduite d’un entretien, la maîtrise de plusieurs méthodologies, et la liste est longue! Les compétences citées permettent d’accompagner les publics en les soutenant et en leur donnant confiance en soi .Quelque soit le type de public accueilli par ce travailleur social, le but ultime est de favoriser leur autonomie. Vous l’aurez peut-être compris! Un paradoxe s’est installé entre les représentations et les compétences de l’assistant de service social.
De même, les rencontres entre ce dernier et les personnes en difficultés ne nécessitent pas forcément l’usage d’un dispositif. En effet, certains publics souhaitent avoir une écoute et des conseils. C’est pour cette spécificité que l’assistant de service social est considéré comme étant un « confident nécessaire ». Et pour cause! Pour être aidé, les personnes en détresse doivent confier des éléments d’information au professionnel. Ces confiances sont protégées par le secret professionnel auquel l’assistant de service social est soumis.
De plus, l’assistant de service social peut être à l’initiative de plusieurs manifestations collectives. Ces actions sont mises en place à la suite de l’identification d’une ou de plusieurs problématiques, sur son territoire d’intervention. Il pourra animer des informations collectives ( pour informer les publics de leur droit) ou encore des actions collectives pour favoriser les liens sur un territoire. Ainsi, l’assistant de service social pourra ainsi constituer son réseau profession, mais aussi le réseau de son institution, pour des éventuels partenariats.
Dans certains cas, l’assistant de service social peut proposer des visites à domicile (VAD) avec les personnes en difficultés. A mon sens, cette proposition peut-être faite au moment où un minimum de confiance s’est instauré entre l’assistant de service social et la personne en difficulté. En effet, la VAD induit une intrusion dans l’intimité de ce dernier. Mais, cette méthode permet les points suivants:
- La mise en confiance des personnes en difficultés. Il est problématique pour certains d’avoir un entretien avec les assistants de service social, dans un bureau. Effectuer une VAD permet aux personnes d’être plus » à l’aise » et de confier sa situation à l’assistant de service social.
- La compréhension du quotidien du public: Les VAD permet au professionnel d’avoir une vision des conditions de vie du public qu’il accompagne.
II.L’ASSISTANT DE SERVICE SOCIAL:TRAVAILLEUR SOCIAL OU TECHNICIEN SOCIAL?
Depuis plusieurs années, cette réflexion revient au sujet de la profession. Elle est probablement liée encore une fois aux fausses représentations, mais aussi à la souffrance que rencontre des assistants de service sociaux, notamment dans les services sociaux de circonscription. Très souvent sollicités, ces services de secteurs ont donc une charge de travail considérable. Mais, il semblerait que les équipes soient souvent en sous effectifs. Cette difficulté semblerait impacter la disponibilité des professionnels, laissant comme image de l’entretien le schéma suivant: problème/dispositif.
Le schéma présenté laisserait donc penser qu’il n’y aurait peu de place pour une écoute et une analyse professionnelle des situations. En souffrance, certains professionnels orientent les personnes en difficulté vers un service social « plus disponible ».
Par ailleurs, certaines institutions entretiendraient le rôle de technicien social de l’assistant de service social. Certains services publics décrivent les missions de manière « caricaturales ». Les mots souvent employés sont: « instruction d’une aide financière » « aide à l’accès au logement » « constitution des demandes FSL »… Ceci est la raison pour laquelle la profession d’assistant de service social nécessite d’être défendu par les professionnels de terrain, mais aussi les étudiants. Il s’agit de défendre les valeurs, les compétences, les connaissances, l’éthique et la déontologie qu’impliquent la profession.
En conclusion, l’assistant de service social est un travailleur social qui fait l’objet de plusieurs controverses. Leur intérêt est d’aider les personnes en difficulté,tout en les laissant acteur dans leur situation. Cela implique qu’il travaille avec la personne en difficulté, d’où l’utilisation du terme accompagnement ( faire avec) dans le travail social. Cette information est importante, puisqu’elle rappelle clairement que le professionnel ne fait rien à la place du public qu’il reçoit.
L’accompagnement mené par l’assistant de service social suscite donc plusieurs compétences humaines, pour comprendre les problématiques que les personnes en difficultés rencontrent. Comme les professionnels le disent souvent: » être assistant de service social, ne signifie pas avoir une baguette magique! » Ces derniers travaillent en partenariat et en réseau avec plusieurs institutions et doivent se rendent sur le terrain.
Mais l’assistant de service social doit afficher un positionnement en toute circonstance. D’une part, un positionnement envers son institution. Bien qu’il remplisse des missions institutionnelles, il doit également défendre les valeurs et les compétences qu’il a acquis en formation. D’autre part, le public qu’il reçoit doit saisir que l’accompagnement social est un partenariat. Il se compose des démarches effectuées par l’assistant de service social et celles de la personne accompagnée. Oui! Dans le cadre d’un plan d’action « dit négocié », ce dernier s’engage à effectuer des démarches.
J’espère que cet article vous aura permis d’avoir un aperçu détaillé de la profession d’assistant de service social. N’hésitez pas à déposer un commentaire.
Anaïs Abdoulaye
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Sources utilisées:
1. https://www.ash.tm.fr/hebdo/3039/cote-cour/la-formation-dassistant-de-service-social-est-en-perte-dattractivite-429162.php
2. https://www.irss.fr/21435-assistant-de-service-social-contre-stereotypes-deux-professionnelles-temoignent.html
3. https://www.anas.fr/Le-code-de-deontologie_a735.html
4. https://www.anas.fr/L-Ethique-en-Travail-Social-Declaration-de-Principes-de-l-IFSW_a207.html
5. https://www.lemediasocial-emploi.fr/article/assistant-de-service-social-un-metier-qui-attire-moins-2019-01-17-07-00
6. https://www.lejsd.com/content/le-service-social-toujours-%C2%AB-en-souffrance-%C2%BB